L’avis des associations : la concertation doit se poursuivre autour d’un vrai projet

Le Maire de Boulogne-Billancourt avait convié début juin les associations parties prenantes au recours en justice contre le PLU (Plan Local d’Urbanisme) de l’Ile Seguin, à une concertation pour tenter de sortir de l’impasse. Il faut dire que ces recours avaient déjà réussi à faire annuler par le tribunal administratif le PLU de 2011, et que l’adaptation dudit PLU en 2013 est elle aussi frappée de recours, avec de fortes chances d’aboutir au même résultat.
A l’issue d’un marathon de réunions menées en 3 semaines, le maire de Boulogne-Billancourt proposait à son conseil municipal du 9 juillet une modification de son projet, sous forme d’une légère réduction de la densité (240 000m2 contre 255 000m2) et une limitation de la hauteur à 50 m (dernier plancher, ce qui équivaut à une hauteur d’environ 65 m soit 18 étages).
Il demandait à la même occasion aux associations de retirer leurs recours avant le 31 juillet 2015.
A quelques jours de l’échéance nous avons voulu connaitre l’opinion des associations AEBB (Actions Environnement Boulogne-Billancourt) et Boulogne Environnement, qui ont toutes les deux pris part à la concertation.
Agnès Bauche, présidente d’AEBB : « si accord il y a, ce sera après le 31 juillet ».
Cela faisait 4 ans, voire 7 ans depuis l’élection de Pierre-Christophe Baguet en 2008 , qu’on attendait ça : une rencontre avec le maire pour parler de ses projets sur l’Ile Seguin.
En 2008, il arrête le projet en cours de ses prédécesseurs pour lui substituer, 2 ans plus tard, « Manhattan sur Seine », projet de Jean Nouvel à 335000 m² construits et des « tours châteaux ».
Depuis, les habitants des deux rives et les associations d’environnement et d’urbanisme cherchent le dialogue avec lui pour en évaluer le retentissement sur la ville. Quand on ne peut pas parler directement, on ne peut le faire que par l’intermédiaire d’avocats. C’est ce à quoi ont été acculées les associations. Elles ont été contraintes à déposer des recours, d’abord « gracieux », puis, sans réponse, contentieux.
En 2013, le tribunal leur donne raison une première fois en déclarant illégal le PLU 2011. On attend sa décision pour la suite et le PLU 2013
Enfin, début juin 2015, pour la première fois, le maire nous invite tous autour d’une table. Pour parler ? Non, pour négocier sous la pression d’une horloge infernale : entre le 9 et le 30 juin, il faut que nous retirions nos recours, sinon, la métropole du Grand Paris, ou le territoire de GPSO pourraient décider à la place du maire !
Quel dommage que ce travail d’écoute et de parole n’ait pas été ouvert plus tôt ! On ne fait rien de bien dans l’urgence, et si c’était chose simple, le problème serait résolu depuis 10 ou 20 ans.
Néanmoins, lors du Conseil Municipal du 9 juillet, le maire a pu reconnaître que même son projet actuel de 255000 m² , bien que trop dense, n’était pas équilibré financièrement, mais qu’il était prêt à consentir un sacrifice supplémentaire de 15000 m² de constructions.
Pour AEBB, ce n’est pas ainsi que le problème se pose. On construit une ville pour 100 ans et plus. Elle doit réunir le maximum d’atouts pour être agréable et saine à vivre durablement. Sans négliger la composante financière, nous pensons que ce n’est pas l’impasse budgétaire d’aujourd’hui qui doit décider de la ville de demain. Nous déciderons sur un projet, une vision à long terme de cette entrée par notre ville au cœur de la métropole nationale.
A ce nœud stratégique, nous ne voulons pas ajouter de pollution et de complication. Nous pensons en outre que les équipements et infrastructures prévues dépassent l’échelle boulonnaise, et qu’il n’y a pas de raison que leur financement soit exclusivement assumé par les Boulonnais.
On parle… c’est très positif.
Cette mi-juillet, deux négociations ont été menées à leur terme : celle de Tsipras avec les créanciers de la Grèce, et celle sur le nucléaire iranien. Pour une heureuse conclusion sur l’Ile Seguin, après avoir fait entendre nos arguments, nous attendons le projet consensuel que la mairie ou la SPL (société publique locale remplaçant la SAEM) nous proposera. Depuis notre dernière réunion du 30 juin, nous n’avons aucune nouvelle, donc, si accord il y a, ce sera après le 31 juillet.
Jean-Christophe Haemmerlé, président de Boulogne Environnement : « nous ne ferons pas un Lego baclé sur l’Ile Seguin »
L’initiative tardive du maire de commencer à parler avec les associations est saluée par BE comme un début de bonnes pratiques de démocratie de proximité.
L’association a détaillé les sujets qui lui tiennent à cœur et les représentants de la mairie et de la SAEM semblent en avoir pris notes.
Le communiqué du maire lors du rapport de la SAEM au conseil municipal dissipe les doutes : les 6 ans qui viennent de s’écouler dans le provisoire et les scénarios irréalistes ont coûté beaucoup d’argent. Revenir à des projets humains et vivables, même au détriment de l’équilibre financier immédiat semble maintenant un objectif partagé par la municipalité. BE espère que la mairie et la SAEM vont revenir au plus tôt devant les associations d’urbanisme et d’environnement avec des améliorations sensibles sur lesquelles il sera possible de trouver un consensus.
En tout état de cause, après 4 ans d’immobilisme, les ultimatums et l’urgence ne tiendront lieu ni de prétexte, ni de projet. La ville se construit pour les générations futures autant ou plus que pour l’actuelle. Les politiques ont pour échelle du temps celui de leur mandat, les associations réfléchissent sur le long terme. Nous ne ferons pas un LEGO bâclé sur l’Ile Seguin.
L’avis des riverains de l’Ile Seguin :
Nous partageons la position des deux associations. La municipalité de Boulogne-Billancourt est entièrement responsable du blocage du projet de l’Ile. Elle avait hérité en 2008 d’un PLU de 175 000m2, purgé de tout recours, et qui aurait permis à l’Ile de commencer à se construire.
En voulant imposer le ridicule projet Nouvel, ses tours et son bétonnage massif, le maire de Boulogne a fait perdre 7 ans, et réussi à plonger le projet dans l’impasse avec un PLU illégal.
Cela a couté beaucoup d’argent, fait gagner plusieurs millions d’euros en honoraires à M. Nouvel, et gaspillé l’argent public en réalisations éphémères.
Le maire entend aujourd’hui après 7 ans perdus imposer en 3 semaines un accord sur un projet très flou, sans aucune garantie et encore très dense. Que diraient les habitants des deux rives si en lieu et place des tours se dressait une muraille de 65 m de haut sur toute la longueur de l’Ile ? En demandant la vision d’un véritable projet, et la poursuite de la concertation retrouvée, les deux associations ne font qu’exprimer un point de vue de pur bon sens.
Voir aussi :
Il n’y aura pas de tour sur l’Ile Seguin
La concertation reprend pour sortir de l’impasse
Ile Seguin : la concertation reprend pour sortir de l’impasse