Bolloré va-t-il sauver l’Ile Seguin ?

Le campus Vivendi, un espoir pour sortir de l’impasse

En mars 2017, le groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré signait une promesse de vente pour les 4,5 hectares située au centre de l’Ile, pour y édifier un campus, un « village numérique » regroupant l’ensemble de ses activités dans les médias et les contenus. L’ensemble représente un investissement de plus de 300 millions d’€ dont 70 millions versés à titre d’acompte. Autant dire une excellente affaire pour la ville de Boulogne-Billancourt.

Le groupe Vivendi y réunirait ainsi des sociétés aussi renommées que Canal +, Havas ou Universal Music.

Concertation

Rompant avec la politique des coups de force et des diktats qui avaient prévalu jusqu’ici, Vincent Bolloré a entrepris une concertation avec les associations de défense de l’environnement qui sont actuellement toujours recours contre le PLU de l’Ile Seguin, Boulogne Environnement et AEBB. Ce sont plusieurs réunions de travail qui ont été tenus dans la plus grande discrétion en présence d’Anthony Béchu, lauréat du concours d’architectes lancé par Vivendi.

Dans l’esprit positif qui les a toujours animées, les associations ont fait part des aménagements qui permettraient de sortir de l’impasse :

  • Réduction de la densité visible
  • Aménagement des niveaux en terrasses diminuant l’effet de mur uniforme
  • Réduction de la hauteur maximale, prévue à 91 m NGF, en particulier de la tour prévue au centre de l’Ile.
  • Aménagement de transparences entre les rives
  • Aménagement des berges pour les transformer en lieu de promenade et de détente, au lieu de la muraille de béton prévue par Jean Nouvel
  • Agrandissement du jardin et verdissement généralisé du paysage urbain

Le projet Béchu

Anthony Béchu n’a pas peur des tours, quand elles s’inscrivent dans un environnement qui le réclame. Ce grand architecte est ainsi l’auteur de la Tour D2 à la Défense dont la silhouette élégante est devenue emblématique du quartier d’affaires, avec son exo-structure innovante en acier.

Pour l’Ile Seguin, Anthony Béchu a tenu au contraire à concevoir un ensemble qui s’insère le plus harmonieusement possible dans l’environnement de ce site remarquable au cœur d’une boucle de la Seine.

La surface de jardin a été augmentée, le projet aménagé progressivement au cours de ces plusieurs séances de travail et de concertation.

Grand jardin, transparences entre les rives, promenades verdies sur les berges, immeubles en gradins et terrasse verdoyantes, hauteur maximale à 71 m NGF aligné sur le dôme de la Cité Musicale et le faîte de la fondation Emerige, avec un seul immeuble de grande hauteur au niveau abaissé à la hauteur de la voile solaire de la Seine Musicale. L’ensemble respecte les hauteurs maximales déjà acceptées par les associations pour la Seine Musicale et la Fondation d’Art Emerige.

Malgré une densité importante, le projet de campus Vivendi offre à l’Ile Seguin un projet contemporain dédié aux créations d’aujourd’hui dans une architecture humaine et maitrisée qui s’inscrit harmonieusement dans le paysage .

La circulation automobile sera extrêmement restreinte sur l’Ile, les accès réservés au personnel étant situés à l’extrémité des ponts menant à l’Ile. L’ile sera desservie par un tramway électrique en site propre conçu par le groupe Bolloré, animé par un système révolutionnaire de recharge par induction.

Liés par la confidentialité qui a permis à l’équipe de Vivendi de travailler avec nous dans la sérénité et à l’abri des pressions, nous espérons pouvoir révéler prochainement les premières images du projet afin que l’ensemble des habitants et des riverains puisse se forger une opinion.

Un projet innovant bien inscrit dans la Vallée de la Culture

Vivendi est le leader français de la communication de l’industrie culturelle. Universal Music, leader mondial de l’industrie musicale, est riche d’un catalogue réunissant les plus grandes stars populaires (Elton John, U2, Lady Gaga, Rolling Stones , Kanye West, Louane,  etc …) et le label classique de référence avec Deutsche Grammophon. La complémentarité avec les deux salles de la Seine Musicale est évidente, tant avec la grande salle de 5000 places qu’avec le splendide auditorium de Shigeru Ban dédié à la musique classique. Canal Plus devrait installer ses plateaux de tournage sur l’Ile, complétant ainsi l’offre par la création audiovisuelle. Le groupe Havas, puissant dans les média et la communication viendra compléter un véritable « village numérique », où toutes ces équipes fonctionneront en synergie créative. Une grande rue centrale couverte par un toit transparent traversera le village, reliant la Seine Musicale à la Fondation d’Art Emerige et aux Cinémas de la pointe amont.

Le Campus de l’Ile Seguin permettrait ainsi 25 ans après la sortie de la dernière automobile des usines Renault de faire renaitre sur l’Ile une industrie culturelle d’aujourd’hui, digitale et innovante.

 

 

Un nouveau caprice de la Mairie qui peut tout faire capoter

Jamais donc l’issue de ce feuilleton qui n’a que trop duré n’a parue si proche.

Un accord avec Vivendi permettrait aux associations de le faire transcrire dans le cadre de la médiation en cours sous les auspices du Président du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, sous la forme d’une révision du PLU.
Cependant par un de ces coups de théâtre dont il est coutumier, le maire de Boulogne-Billancourt a sorti de son chapeau un de ses projets pharaoniques et improvisés dont il a le secret. Alors que le protocole d’accord avec le groupe Vivendi incluait la construction d’une salle réservée aux sports de 3000 places, le Parisien du 19 décembre nous révèle que le Maire veut maintenant imposer une salle d’un minimum de 5000 places, pouvant monter jusqu’à 8000 places. Tout cela pour accueillir le  club de basket … de Levallois !

Le Parisien du 19 décembre 2017Cette salle serait bien plus grande que la grande salle de la Cité Musicale, totalement en doublon avec elle pour les grands événements, et poserait inévitablement des problèmes de sécurité, d’accès et de nuisances sur cette petite ile brutalement contrainte à accueillir des foules qu’elle ne peut accepter. Quant au club de basket de Levallois, M. Balkany a sans doute les moyens de le faire payer par d’autres contribuables que les boulonnais !

La réalisation de ce mastodonte ne pourrait se faire qu’en empiétant une nouvelle fois sur le jardin et l’espace public, à savoir la grande esplanade verte de la Fondation d’Art. La mairie qui vient d’amputer le parc de Billancourt sur le Trapèze pour y réaliser un terrain de football, au grand dam des riverains, récidiverait. Décidément le maire de Boulogne hait les espaces verts !

D’ores et déjà les associations annoncent qu’elles refuseront qu’on augmente de nouveau la densité de construction sur l’Ile, qu’on mette en jeu la sécurité, qu’on augmente les nuisances et qu’on ampute le jardin.

Le Maire de Boulogne qui a signé en mars 2017 une promesse de vente dont le cahier des charges impliquait la création d’une salle de 3000 places, se renie quelques mois après… Pas sérieux …

Ce faisant, le maire de Boulogne prendrait la lourde responsabilité de faire échouer une solution qui semble si proche pour l’aménagement de l’ile Seguin. Après avoir paralysé toute construction sur l’Ile depuis 10 ans par son projet de tours avec Jean Nouvel, qui a entrainé l’annulation par le tribunal administratif de son plan local d’urbanisme, il ne pourrait en agissant de la sorte que saboter une nouvelle fois l’avenir de l’ile Seguin.

Conclusion des Présidents des Associations Boulogne Environnement et AEBB

Jean-Louis Tourlière, Président de Boulogne Environnement et Agnès Bauche, Présidente d’AEBB déclarent dans un communiqué commun :

« Nous avons toujours milité en faveur de la mise en place d’une concertation effective sur les projets d’aménagement de l’Ile Seguin.

2018 se présente sous de bons augures :

  • La conciliation proposée par la mairie en octobre 2016 débouche enfin sur des réunions concrètes sous la médiation du Président du Tribunal Administratif
  • Les porteurs de projets que sont le groupe Emerige, dirigé par Laurent Dumas, pour la Pointe amont, et le groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré pour le centre de l’Ile ont initié des rencontres afin de concilier leurs désirs et leurs contraintes avec nos attentes en matière de cadre de vie, telles que nous les avons exprimées depuis plus de 20 ans pour les boulonnais et les riverains sévriens et meudonnais.

Nous saurons saisir ces opportunités. »

Liens utiles

La Fondation d’Art Emerige et l’aménagement de la pointe Amont

La Seine Musicale, des scènes d’exception

Annulation du PLU par le tribunal administratif