Ile Seguin : la Cité Musicale couronnée, le Pôle R4 menacé

Les ennuis judiciaires d’Yves Bouvier, promoteur du projet R4, menacent le pôle culturel

La Cité Musicale de l'Ile Seguin
La Cité Musicale de l’Ile Seguin

2 pointes de culture, tout allait bien pour l’Ile Seguin…

Sur la pointe aval, la Cité Musicale du Conseil Général est couronnée

Ce projet, qui avait fait l’objet d’une information et d’une concertation exemplaires, avance maintenant rapidement. Aucun recours n’avait été émis à son encontre. Les travaux avancent à grands pas, comme en témoignent les grandes grues rouges qui s’activent sur le chantier. Ce complexe de 36 000 m2, doté d’une salle de spectacle d’une capacité de 6000 places et d’un auditorium de 1150 places devrait ouvrir ses portes comme prévu mi 2016.

Le Chantier de la Cité Musicale de l'Ile Seguin
Le Chantier de la Cité Musicale de l’Ile Seguin

Ce projet conçu par l’architecte japonais Shigeru Ban, en coopération avec l’architecte français Jean de Gastines, vient d’être désigné meilleur projet futur au Mipim de Cannes, salon des professionnels de l’immobilier. Sa coque de bois tressé en forme de nid d’oiseau devrait devenir une figure emblématique de l’architecture parisienne et « marquer le paysage sans l’agresser », comme le décrivait Patrick Deveidjian, président du conseil général des Hauts-de-Seine. Tout le contraire du sinistre projet de bétonnage et de la tour que veut ériger Jean Nouvel sur le centre de l’Ile.

 

Sur la pointe amont, tout se complique pour le projet R4 avec la mise en examen de Yves Bouvier, son promoteur suisse.

Le Parisien, 2 mars 2015

Le Parisien, 2 mars 2015

Tout semblait réglé pour le projet R4. 2 associations, Boulogne Environnement et AEBB, qui avaient déposé un recours contentieux contre le permis de construire délivré par la mairie de Boulogne-Billancourt venaient à l’issue d’un processus de concertation mené par Nelly Wenger, directrice du projet, d’accepter de les lever.
Les deux associations étaient en train de négocier les détails d’une convention de partenariat avec R4 portant sur la co-création d’événements permettant d’ouvrir le pôle culturel à un très large public. Coup de tonnerre quand tombe le 28 février 2015 la nouvelle de la mise en examen d’Yves Bouvier, promoteur du projet R4, et propriétaire de la société suisse Natural le Coultre, spécialiste des paradis fiscaux modernes que sont les ports francs.

 Mise en examen, perquisitions et gel mondial des avoirs pour Yves Bouvier

C’est sur plainte d’un milliardaire russe, Dimitry Rybolovlev, propriétaire de l’AS Monaco, qu’Yves Bouvier vient d’être mis en examen à Monaco pour une sombre affaire d’escroqueries et complicité de blanchiment portant sur la cession d’œuvres d’art pour une valeur de plusieurs centaines de millions d’euros. Mis en garde à vue, M. Bouvier a été relâché contre une caution de 10 millions d’euros. L’enquête en cours a entrainé plusieurs perquisitions dans les bureaux genevoix de Natural le Coultre, et le gel de ses avoir mondiaux décidé par un tribunal de Singapour, ville où M. Bouvier opère l’un de  ses ports francs.

Le Temps Bouvier gel des avoirs
Le Temps, 13 mars 2015

M. Bouvier bénéficie évidemment de la présomption d’innocence. Cependant, jusqu’à conclusion de cette affaire, M. Bouvier ne cache pas son intention de geler un certain nombre de projets. Il déclare ainsi au journal suisse Le Temps, du 6 mars 2015 : « J’ai dû mettre des projets en stand-by, et certains le resteront jusqu’à ce que cette affaire soit réglée ». Une menace incontestable pour R4 dont le budget dépasse les 150 millions d’euros.

 Le paradis fiscal des ports francs sous pression

Au-delà de l’inculpation pour escroquerie, c’est tout le système des ports francs sur lequel M. Bouvier a créé sa fortune qui revient sur le devant de la scène. Rappelons que ces coffres-forts ultra sécurisés hébergés à Genève, Luxembourg et Singapour, permettent aux grandes fortunes du monde entier d’entreposer à l’abri des regards curieux, et surtout des inquisitions du fisc, des trésors en toute discrétion. Depuis la levée du secret bancaire suisse, ces paradis fiscaux d’un nouveau genre n’ont jamais connu autant de succès, suscitant par là même de nouvelles pressions des autorités douanières et fiscales, notamment en Suisse.

Le Monde, 23 avril 2014
Le Monde, 23 avril 2014

Le Monde, 13 avril 2014

Les ports francs de Genève abriteraient 100 milliards d’euros exonérés de droits de douane…

Ce régime très particulier sera-t-il remis en question ? C’est peut être l’un des enjeux de l’affaire Bouvier. S’il devait l’être, M. Bouvier aurait sans doute d’autres soucis que R4 à affronter, et le financement de ce projet risque bien de ne plus être sa priorité…

Alors que tous les obstacles juridiques étaient levés, R4 trébuchera-t-il sur les ennuis judiciaires de son promoteur ? Décidément la saga de l’Ile Seguin est bien mouvementée…

Lire ici notre dossier :

https://www.sauvonslileseguin.com/ile-seguin-projet-r4-les-questions-qui-derangent/

Le Point 27 février 2015 : Les ports francs de Geneve, l’autre coffre fort suisse :

http://www.lepoint.fr/societe/les-ports-francs-de-geneve-l-autre-coffre-fort-suisse-27-02-2015-1908462_23.php